Notre histoire

On estime que l’établissement des Juifs à Narbonne remonte à une assez haute antiquité. La première mention de la présence de Juifs à Narbonne apparaît au Vème siècle dans deux lettres datées de 470 et 473, de Sidoine Apollinaire à son ami Félix de Narbonne, grand dignitaire gallo-romain. Il y est fait mention d’un Juif nommé Gozolas, employé de Félix. 

          Au VI ème siècle, sous la domination des rois Wisigoths, des mesures restrictives sont appliquées aux Juifs qui, jusqu’alors, entretenaient de bonnes relations avec les autres composantes de la population (Romains, Syriens, Grecs …). Les Juifs restent cependant les animateurs de la vie commerciale, intermédiaires entre l’Orient et l’Occident. 

          Les 40 années qui marquent l’occupation musulmane, de 719 à 759, sont muettes sur le sort fait aux Juifs. 

          Avec les rois carolingiens, les Juifs obtiennent le droit de posséder des domaines héréditaires et Charlemagne leur accorde de nombreux privilèges dont celui d’avoir un « roi » (Nassi), personnage important possédant plusieurs immeubles en ville. Les Juifs semblent avoir bénéficié d’une sécurité assez large avec la possibilité d’animer la vie économique et de se constituer de grosses fortunes investies dans des propriétés foncières ou des exploitations industrielles (moulins, salines, etc…). Les vicomtes et les archevêques de Narbonne sauront tirer de leurs sujets juifs des revenus considérables, en accroissant leur nombre par l’octroi de privilèges divers, d’où une rivalité permanente entre les seigneurs des deux juiveries. 

          En 1173, un voyageur qualifie Narbonne de « maîtresse pour la loi hébraïque » d’où elle se répand dans toute la province. On y trouve des docteurs fameux dont le rabbin Kalomine, fils du rabbin Théodore, de la lignée de David. C’est à Narbonne, dit-on, que le Talmud doit sa plus grande célébrité. Les écoles juives de Narbonne sont renommées, on cite nombre de savants juifs parmi lesquels Jaccaben Jekar, qui fut un des maîtres de Rachi, une des lumières du XIIème siècle, et Moïse de Narbonne, surnommé Hodarchian, le prédicateur qui avait composé des commentaires (qui ont été perdus) sur la Bible. La Direction des écoles talmudiques de Narbonne, où avaient enseigné, aux XIème et XIIème siècles, des maîtres célèbres et avaient été formés les fondateurs des centres d”enseignement juif de Montpellier et de Lunel, assurait au Nassi narbonnais la haute autorité spirituelle dans toute la province. 

          Le 21 juin 1306, Philippe le Bel ordonne l’expulsion des Juifs de son royaume. Ainsi se trouvent anéantis en grande partie les centres de richesse et de culture juive qui existaient alors en France, et plus spécifiquement à Narbonne. 

          Le 19 juillet 1315, Louis X décide de rappeler les Juifs dans son royaume. Peu de Juifs revinrent alors à Narbonne et ce sont alors sept siècles de silence. 

          La Communauté renaît avec l’arrivée des rapatriés d’Afrique du Nord. Elle compte une vingtaine de familles qui sont présentes dans tous les secteurs de la vie économique de la ville.